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Au revoir M******

L'enterrement était jeudi 8 avril. Il était magnifique. Superbe. Très émouvant. Nous y sommes allées toutes ensemble. Unies dans la douleur, unies dans la tristesse, unies dans le malheur.

Nous y sommes allées à 10h00. Une demi-heure d'avance. Nous ne voulions pas être en retard. Lorsqu'il a fallu poser la plaque dans la chapelle, avec les bouquets de fleurs, ce fut dur. La plus âgée y est allée car nous ne pouvions pas, je ne pouvais pas. Elle est revenue, et nous l'avons prise dans nos bras, pour la consoler, lui montrer que nous étions là.
Lorsque la famille est arrivée, précédée par le cercueil, nous nous sommes mises en retrait, sur le bord de l'allée. Les pleurs ont résonné, les sanglots ont déchiré doucement le silence, et nos mains se sont liées pour supporter la peine. Toute sa famille est passée, ses parents tout d'abord, suivis par ses oncles, tantes, cousins et cousines. Nous étions ses seules amies, les seules qui restaient depuis son accident. La directrice de l'école, notre professeur et l'une des secrétaires sont venues. Nous les avons suivies, en silence. Toujours en nous tenant les mains.
La chapelle était trop petite pour nous contenir tous, alors nous sommes restées sur le parvis. Debout, écoutant les discours sur sa vie, sur les épreuves qu'elle avait dû traverser, nous repensions aux moments partagés, aux rires échangés... Une musique très belle a résonné dans la chapelle. "Vole" de Céline Dion. Une chanson qui retranscrivait bien toute sa vie, et toute la douleur qu'elle ressentait.
Nous avons ensuite suivi le cortège jusqu'à sa dernière demeure. Celle où elle dormirait paisiblement jusqu'à la nuit des temps. Nous avons suivi la famille, et nous avons jeté une fleur sur son cercueil, son lit éternel. Je n'ai pas pu jeter cette rose seule. Il a fallu que Calie m'accompagne. Je crois que j'ai réalisé à ce moment là qu'elle était vraiment partie. Que nous ne la reverrions plus.
Il y a eu un serrement de main. Aucune n'a voulu y aller, car il est vrai qu'aucune ne connaissait bien ses parents. Personne ne les avait vraiment vu, sauf devant l'école, à l'heure de la sortie. Sauf Camomille et moi. Nous y sommes allées, accompagnées. Au début, je ne voulais pas y aller, parce que je ne me sentais pas assez forte. Je me sentias incapable de voir ses paretns sans verser une larme. Puis Malou m'a convaincue. Elle m'a dit que je le regretterai, que je m'en voudrai si je n'y allais pas. Alors j'y suis allée, acoompagnée de Fanou et de Karo. Camomille y est allée accompagnée de Milie, qui a quitté l'école mais qui avait tenu à venir.
Au moment de voir sa mère, j'ai senti les larmes affluer jusqu'à mes yeux. Puis j'ai vu Karo pleurer, Milie. Je me suis dit que je devrais être forte. Pour elles. Pour elle. Sa mère nous a remercié. Elle nous a dit que là-haut, elle était mieux, car depuis l'accident, ce n'était plus leur petite fille. Que là-haut, elle serait heureuse.
Son père nous a remercié aussi d'être venues. Il nous a dit qu'il n'avait pas osé venir nous l'annoncer à l'école, car il redoutait notre réaction. Il nous a expliqué comment elle est partie. Les médicaments étaient mal dosés, et elle a eu une crise d'épilepsie. Ses parents ont réussi à la calmer. Puis, le matin, quand son père est venu pour la réveiller, il l'a retrouvé endormie. Ou plutôt, partie... Malgré ses efforts et ceux des pompiers, il était trop tard.
Il nous a remercié encore d'être venues, et nous a promis de venir nous rendre visite à l'école. Car quand elle venait à l'école, elle était heureuse de nous voir. De nous retrouver.
Cela nous a soulagé de savoir qu'elle n'était pas partie volontairement.
En partant, j'ai vu son cousin, que je connaissais. Nous étions dans la même classe en seconde. Il a été surpris de me voir. Cela lui a fait plaisir de voir que nous étions toutes venues, et il m'a remercié. Il m'a dit qu'il reprendrait contact. Cela m'a fait plaisir, mais cela m'attriste que ce soit dans de telles circonstances...

Aujourd'hui, je voudrais remerier Malou. Elle m'a consolé. Elle m'a prise dans ses bras et m'a cajolé, comme une petite fille. Elle m'a calmée, m'a permis d'extérioriser a peine. Merci aussi à Calie qui m'a montré son soutien en me tenant la main.
Je sais que nous étions toutes tristes. Toutes remplies de larmes. Mais malgré leur peine, elles m'ont soutenues, et je les remercie.

Aujourd'hui, nous sommes toutes proches. 29 filles qui sont là les unes pour les autres, qui s'inquiètent et qui se consolent. Qui rient ensemble, qui partagent beaucoup plus qu'une simple camaraderie de classe. Ce tragique évènement qui a marqué nos vies nous a sensiblement rapprochées les unes des autres. Une promo unie, alors qu'il y a quelques mois, nous étions prêtes à nous tirer dans les pattes.

Au revoir M******, tu nous manqueras. Ton visage restera gravé dans nos coeurs. Je te dédie ces quelques lignes, bien peu de chose il est vrai.  
Une promo qui grâce à toi est unie, et qui gardera toujours en mémoire les moments partagés.
Au revoir...

Ecrit par Morgan, le Samedi 10 Avril 2004, 20:33 dans la rubrique Dernières nouvelles.

Commentaires :

petitekaline972
petitekaline972
10-04-04 à 21:41

c'est très touchant

C'est vraiment touchant ce que tu as écrit...c'était une de tes amies?que lui est t-il arriver(si tu veux bien en parler)

 
Morgan
Morgan
11-04-04 à 14:06

Re: c'est très touchant

C'était une fille de ma classe. Nous nous entendions bien. Elle est "partie" dimanche. Mauvais dosage des médicaments. Elle a fait une crise d'épilepsie le soir, et le matin, elle ne s'est pas levée... Elle était sous médicaments parce qu'elle avait eu un grave accident de voiture il y a 5 ans. Elle a été dans le coma, et à dû tout réapprendre, même les gestes les plus simples... Il y a peu, elle avait fait une tentative de suicide. Elle se faisait soigner pour ça. Elle voyait des médecins, des psy... Mais c'était son heure. Elle a prit le train pour l'autre monde et s'est posée sur un nuage, pour veiller sur ceux qu'elle aime...

Ca ne me dérange pas d'en parler. C'est juste que c'est encore douloureux. Mais c'est normal, je crois.
Merci de me dire que ce que j'ai écrit est touchant. J'avais envie de lui dédier un beau texte. Je suis contente qu'il t'ai touché. C'est ce que je voulais. Toucher les gens avec ces quelques lignes...