Je n'arrive plus à pleurer. Hier, j'ai épuisé tout mon stock de larmes. Mes copines m'ont toutes prises dans leur bras, tour à tour, pour faire cesser ce torrent de pleurs, mais mes sanglots ne voulaient pas s'arrêter. Aujourd'hui, je ne pleure plus, mais je continue d'être triste...

Je continue de penser à elle, à ces moments passés ensemble, et dont je n'ai pas conpris le sens caché, le vrai sens. Je ne sais pas comment elle est partie. Je ne sais pas dans quelles circonstances. Accident ou suicide, je ne sais pas. Tout ce que je sais, c'est que j'ai reçu comme un choc lorsque Madame F nous a appris son décès. Elle avait les yeux rougis. Elle nous a dit ça, comme ça, au début du cours. Elle le savait depuis le matin, et cela a dû être dur pour elle d'attendre pour nous le dire, et d'imaginer la façon de nous l'annoncer.
Nous sommes restées silencieuses pendant quelques secondes, et je suis sortie, accompagnée de Camomille. Je ne pouvais plus supporter de voir les autres se retenir. Je voulais pleurer, faire sortir cette douleur de n'importe quelle façon. Je voulais croire que ce n'était pas possible, que ce n'était qu'un mauvais rêve. Que j'allais me réveiller...
Dehors, au soleil, nous avons pleuré dans les bras l'une de l'autre pendant un moment. Un long moment. Puis est arrivée Sév. La déléguée, qui nous a pris dans ses bras. Puis Fanou est arrivée, et elle s'est assise avec nous sur le bord du trottoir. Puis Carol est venue fumer une clope, pour se détendre. Et toute la classe a suivi, incapable de reprendre le cours normal des cours. Je continuais à pleurer, Camomille aussi. Malou et Calie sont venues près de nous, et elles nous ont soutenu. La première chose qu'elles ont faites, c'est essayer de nous déculpabiliser. On se sentait responsable ne de pas l'avoir assez écouté. De ne pas l'avoir assez soutenue. Elle allait mal, mais cela ne datait pas d'hier. Cela datait de cinq ans, depuis son accident de voiture. Elle avait décidé de refaire une formation.
Il y a un mois, je l'ai croisée à l'hôpital. Elle avait fait une tentative de suicide. Et elle était hospitalisée, suivie par des psy, sous médicaments. Elle est finalement revenue à l'école. Et elle a repris les cours comme nous. Et maintenant, elle n'est plus là.

Je me dis que j'aurais pu faire quelque chose. Que nous aurions dû plus l'écouter, être attentives à ses problèmes. Que j'aurais dû voir qu'elle n'allait pas bien. Qu'elle avait besoin d'une écote, une vrai. Mais comme a dit une  des filles, on ne l'écoutait plus vraiment. On se lassait vite.

Comme l'a dit Malou, on ne s'est pas ce qui s'est passé.
Aujourd'hui, nous sommes allées acheter une plaque pour la déposer sur sa tombe. On ne sait pas encore où et quand à lieu l'enterrement. On lui achètera une belle gerbe de fleurs...

On ne l'oublie pas. On pense à elle...

J'ai rêvé d'elle cette nuit. Il y avait, dans le hall d'entrée de l'école, un grand panier. Un grand nombre de personnes y déposait des fleurs. Elle était à côté de moi, et elle m'a demandé si tout cela était pour elle.
Je suis restée troublée de ce rêve. Il m'obsède. Un peu. J'y pense tout le temps à vrai dire.

C'est dur. J'ai l'impression qu'elle franchira à nouveau la porte de la salle. Qu'elle riera encore avec nous...

Il faut se faire une raison...